Opération à « cœur ouvert ».
La 911 T Coupé de 1973 est restée longtemps immobilisée. Or l’immobilisation d’un véhicule tend à accélérer le vieillissement d’un moteur. Afin que le moteur flat-six de 2,4 l, délivre à nouveau ses 140 ch (au régime de 5 600 tr/min) et atteigne son ancienne vitesse de pointe de 127 mph (205 km/h), les experts Porsche Classic s’attèlent à l’opération « à cœur ouvert ».
Les experts de l'atelier Porsche Classic ont tout d'abord procédé au désassemblage complet du moteur, puis ont dirigé toutes les pièces vers une machine à laver spéciale. Car leur état ne peut être évalué avec précision que lorsque celles-ci sont débarrassées de toute trace de corrosion, de cambouis ou de calamine. Et on peut faire confiance ici à la minutie des experts Porsche Classic. Certaines pièces, comme la bague du ventilateur, doivent subir un examen visuel pour détecter les éventuelles fissures. Ces défauts invisibles, pouvant apparaître par exemple au niveau du carter ou du vilebrequin, font l'objet d'un examen poussé grâce à une méthode de contrôle complexe. Les pièces subissent un contrôle par magnétoscopie au centre de développement Porsche à Weissach. Le procédé fait appel à de fines particules d'acier électromagnétiques qui se fixent dans les fissures et les rendent ainsi visibles sous lumière ultraviolette. De nombreuses autres mesures sont aussi réalisées. Les culasses ainsi que les cylindres et les pistons sont notamment vérifiés du point de vue dimensionnel.
À l'issue de l'examen, les experts estiment le kilométrage du moteur à approximativement 100 000 miles, ce qui n'est pas exagérément élevé pour un moteur de 38 ans. Les propriétaires successifs ne l'ont pas soumis à un régime trop sévère. C'est en fait la longue durée d'immobilisation qui a laissé le plus de traces. Et c'est ainsi que les experts décident, sur la base de leur expérience et des résultats, de la suite de la procédure.
La restauration complète d'un moteur chez Porsche Classic comprend systématiquement l'échange de tous les roulements, des joints et des courroies par des pièces d'origine neuves. Il en va de même pour les chaînes de distribution. On ne peut l'évaluer qu'une fois le moteur complètement ouvert. La probabilité de remplacement est donc largement utilisée. Sur la 911 T, l'équipement électrique complet, avec les bougies, les câbles d'allumage et même le faisceau moteur, a aussi été remplacé. Les pièces qui n'étaient plus conformes à celles du véhicule d'origine, en l'occurrence l'échappement, la pompe à huile, le vilebrequin et l'embrayage, ont notamment été échangées. Des pièces ont été révisées, comme notamment la pompe à injection mécanique, l'allumeur, la dynamo/alternateur et le boîtier électronique HKZ. D'autres pièces moteur ont reçu un traitement de surface anticorrosion. Les procédés suivants ont été utilisés, en fonction de la pièce concernée : sablage aux billes de verre, galvanisation, revêtement plastique ou peinture.
Toutes ces opérations préliminaires pour une reconstruction réussie du moteur sont l'affaire d'experts disposant d'une expérience suffisante et impliquent également un coût élevé, qui est toutefois essentiel pour une restauration complète. Il n'existe plus de moteur complet neuf datant de 1973. Une grande partie des différentes pièces d'origine est toutefois encore disponible. Lors de l'assemblage et du montage ultérieur, les experts auront recours aux anciens supports et outils d'origine.
Mais l'heure de vérité n'arrive qu'après le réassemblage. À l'instar d'un moteur neuf sortant des lignes d'assemblage, le moteur de la 911 T doit lui aussi se soumettre à un contrôle de puissance sur banc. Et il ne doit pas non plus s'attendre ici à un traitement de faveur en raison de son grand âge. Il doit tourner comme un neuf. C'est pourquoi les valeurs de puissance et de couple doivent absolument être conformes. Par ailleurs, l'étanchéité et le fonctionnement sont contrôlés ainsi que les réglages. Il tournera alors de nouveau à plein régime et aura retrouvé ses performances d’origine.